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Pourquoi « Ce n’est qu’un POST » est l’erreur la plus coûteuse dans une stratégie de webhooks

La plupart des implémentations de webhooks commencent modestement, puis deviennent des systèmes complexes et fragiles. Découvrez le véritable coût caché derrière l’idée que ce n’est « qu’un POST ».

Jérémy Leherpeur
Jérémy Leherpeur
Fondateur de Wehook
1 avr. 2024
2 min de lecture
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Le grand mensonge des webhooks

Pourquoi « Ce n’est qu’un POST » est une hypothèse ruineuse

« C’est juste un appel POST. On l’enveloppe dans une file de jobs, on ajoute quelques tentatives de retry, et c’est réglé. »

Ça vous semble familier ? C’est normal. C’est ainsi que la majorité des architectures webhook voient le jour.


🧪 Quand le simple devient structurel

Début 2023, une entreprise européenne de taille moyenne dans le secteur des RH a commencé à intégrer des webhooks dans sa plateforme. Les clients demandaient des notifications d’événements : signature d’un document, intégration d’un nouvel employé, expiration d’un contrat.

Sous pression pour livrer rapidement, l’équipe produit a traité cela comme un projet mineur. Un développeur backend s’est vu confier la tâche.

« C’est juste un push », a-t-il dit. « Quelques appels HTTP. Au pire, on gère les erreurs avec une file de jobs. »

Trois sprints plus tard, le MVP était en production : un répartiteur basique, codé en dur pour envoyer les événements en POST à une seule URL par client, avec une gestion d’erreurs minimale. En interne, on a fêté cela — l’équipe avait « livré les webhooks ».


⚠️ Mois 2 : Les cas limites apparaissent

Deux mois plus tard, les choses ont commencé à se compliquer. Un client a manqué un événement. Puis un autre. Les logs étaient lacunaires. L’équipe a constaté :

  • La livraison n’était pas fiable.
  • Le système manquait de visibilité.
  • Aucun mécanisme de rejouabilité n’existait.

Pour corriger cela, un second développeur a été mobilisé pour ajouter des journaux de livraison et une commande de retry manuelle. Puis sont venus les headers d’authentification, une file de messages morts, un script de surveillance personnalisé.

Ce qui n’était qu’une « fonctionnalité » était devenu un petit système. Sans responsable attitré.


🧨 Mois 5 : La montée en charge

Un nouveau client a été intégré — un outil d’automatisation de la paie. Il avait besoin de points de terminaison distincts selon les types d’événements, et d’accords de niveau de service stricts. La logique existante ne permettait ni filtrage ni routage.

Le tech lead a proposé de réécrire le répartiteur. Pendant ce temps, le support client remontait des demandes pour savoir quels événements avaient été envoyés, à quelle heure, et avec quelle réponse.

L’architecture ne permettait pas de le savoir. Un nouveau sprint a été planifié.


📉 Mois 9 : Le vrai coût se révèle

À ce stade, quatre développeurs différents avaient contribué au système de webhooks. Chacun avec ses propres hypothèses. La documentation n’était plus à jour. Les tests étaient quasi inexistants. Chaque incident ajoutait de la fragilité.

Le système était techniquement « en production », mais plus personne ne voulait y toucher. La base de code était devenue un fardeau, et les priorités de l’entreprise avaient évolué.

Lors d’entretiens menés avec plusieurs équipes produit et plateformes — dans les RH, la fintech, la logistique — cette histoire revient inlassablement. La seule variable, c’est le moment où l’équipe réalise qu’elle a construit un système distribué dans une file de jobs.


🧠 Les webhooks ne sont pas « juste » un POST

Les webhooks touchent toutes les couches :

  • Logique applicative
  • Infrastructure
  • Sécurité
  • Observabilité
  • Configuration côté client
  • Expérience développeur

Aucune de ces dimensions n’est triviale. Et aucune ne se règle avec un simple POST.

Le mensonge n’est pas malveillant — il est culturel. Dans un monde qui valorise les MVP et les sprints, les webhooks donnent l’impression d’être la partie facile.

Ce n’est pas le cas.


🧭 À suivre : une plongée dans les échecs d’architecture

Dans le prochain article :

👉 Anatomie d’un échec d’architecture webhook

Nous décortiquerons les erreurs techniques qui transforment un projet estimé à un sprint en un détour de neuf mois.

About the author

Jérémy Leherpeur
Fondateur de Wehook

Jérémy Leherpeur

Jérémy possède plus de 15 ans d'expérience dans le développement d'API et les architectures pilotées par événements. Il est spécialisé dans la création de documentation conviviale pour les développeurs et la mise en place de solutions robustes pour les webhooks.